Le Hurepoix

Au sud de Paris, il s'agit de l'ensemble de ces vallées, fortement creusées et abondamment boisées, qui drainent le versant sud-ouest de la Seine.


Un ensemble cohérent

Le Hurepoix résulte d’une même géologie : l’épaisseur sédimentaire de la Beauce est érodée par l’écoulement de l’eau vers la Seine. Le résultat paysager est d’une grande cohérence, ce qui fait naître une identité de territoire, et par là la reconnaissance de la région naturelle du Hurepoix.

Le plateau de Beauce (et sa prolongation en Forêt de Rambouillet) est entamé par la Bièvre, l’Orge et l’Essonne avec tous leurs affluents. Sa masse semble alors s’effilocher en longs plateaux allongés à mesure qu’il approche de la Seine. La Beauce et ses « péninsules » avancées sur le bassin séquanais ont une altitude cohérente de 150 mètres environs (en orange sur la carte).

le Hurepoix en ÃŽle-de-France (IAURIF)

le Hurepoix en Île-de-France (IAURIF)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De hauts plateaux, tranchés par des vallées abruptes

Le Hurepoix se caractérise fortement : c’est une alternance entre plateaux plats et pentes abruptes. Les transitions sont brutales, la jonction peut souvent se marquer sur une carte d’un trait sans épaisseur. Ces cassures du relief sont presque toujours renforcées visuellement par les boisements : on passe d’un paysage de plaine agricole cultivée à une frondaison, généralement étroite puisque la forêt s’enfonce rapidement derrière. De plus, les vallées sont plutôt rectilignes.

Les boisements effilochés caractéristiques du Hurepoix, reliant les massifs de Rambouillet et de Fontainebleau. Le secteur Juine et Essonne présente moins de rectitudes. (Google Earth)

Les boisements effilochés caractéristiques du Hurepoix, reliant les massifs de Rambouillet et de Fontainebleau. Le secteur Juine et Essonne présente moins de rectitudes. (Google Earth)

Les villages prennent place naturellement au fond des vallées (près des rivières et des sources des coteaux), voire à mi-pente comme Briis-sous-Forges ou Saint-Chéron. Mais l’autre fait marquant du paysage est la propension des habitants d’autrefois à s’installer juste au rebord des plateaux. Les hameaux et corps de ferme, certes parfois implantés aléatoirement au milieu des champs, sont nettement majoritaires dans cette première configuration. Pour Limours, ses trois hameaux (Chaumusson, Roussigny, le Cormier) et un corps de ferme (le Jardin) illustrent cette caractéristique du Hurepoix.

Le Dourdannais constitue un archétype du Hurepoix, avec les plateaux des Sueurs (au nord de l’Orge) et de Blancheface (au sud de l’Orge, voir illustration suivante).

Des variations

Les caractères d’une région naturelle ne sont pas toujours si démonstratifs. Ils s’effacent aux limites des régions voisines. Les hautes vallées de la Rémarde, de l’Orge et de la Renarde lorsqu’elles entament la Beauce de leurs premiers vallonnements, y dérogent. Elles n’en sont d’ailleurs que plus belles, et les protections administratives y sont généralisées (vallée de la Rémarde, vallée de la Renarde).

Les plateaux du Hurepoix (dénominations non officielles ajoutées sur fond de carte du CAUE 91)

Les plateaux du Hurepoix (dénominations non officielles ajoutées sur fond de carte du CAUE 91)

De même ce n’est pas dans le secteur de la Prédecelle (Petit Muce, Fagot, Charmoise) qu’une telle lecture du paysage peut se faire : ce sous-bassin est en pente trop douce, comme son prolongement vers Bruyères et Arpajon (globalement le secteur juste au sud du Plateau de Limours).

Le périmètre du Hurepoix

Le Hurepoix est une région naturelle qui n’a jamais correspondu à une entité administrative. Les attributions de telle ou telle contrée au Hurepoix apparaissent intuitives, floues, et surtout variées. On le fait aller tantôt jusqu’à la Seine, à Corbeil, Sceaux, Etampes, parfois jusqu’à Paris, etc… Le Dictionnaire de Trévoux, 1738-1742, y engloberait même Chartres (peut-être confusion avec Chastres, ancien nom d’Arpajon), Mantes ou Melun ! Sa détermination en se fiant à la tradition ou à l’Histoire semble très hasardeuse.

L’étymologie, quant à elle, peut donner une définition précise : « Hurepoix » fait référence uniquement à Orobia (l’Orge en latin). Le Pagus Orobiensis (Pays de l’Orge, qui semble avoir donné Heripensis) s’étendrait à tout le bassin versant de l’Orge et rien qu’à lui. Mais, incertitudes encore, une autre école rapproche Heripensis de l’évocation d’un pays hérissé de collines, ce qui nous renvoie à la troisième approche, celle du paysage géologique.

L’identité paysagère apporte une autre réponse. D’abord elle distingue totalement le Hurepoix :

  • au sud, de la Beauce, océan de céréales ouvert à perte de vue et qui ne s’arrête qu’aux bords de la Loire,
  • à l’ouest, de la Forêt de Rambouillet, presque exclusivement forestière. Sa limite avec le Hurepoix est peu discernable, ces deux régions s’interpénètrent beaucoup.
  • à l’est, de la Brie, deuxième grenier de la France au paysage ressemblant au premier par sa planitude. C’est ici, côté est, que la définition se complique.

En géologie, la plaine de la Seine correspond à la Brie. Si on estime que le Hurepoix réside dans les collines et les plateaux issus de la Beauce, et se termine avec eux, alors on repère la ligne où ses coteaux boisés « tombent » sur la plaine (à une altitude de 80 mètres environ). Il se trouve que la RN 20 les longe, et l’Orge elle-même en fait autant un peu plus loin. Dans cette logique ces deux lignes peuvent constituer la frontière côté est :

  • à l’Ouest de ces lignes se dressent (environ 170 mètres d’altitude) la Forêt de Verrières, le Plateau de Saclay, le Plateau de Nozay, la hauteur de l’autodrome de Linas-Montlhéry, la colline de Saint-Yon.
  • à l’est s’étend la Brie (environ 80 mètres d’altitude). Cette école contrarie la tradition dans la mesure où elle place Marolles-en-Hurepoix en Brie, mais elle est simplement la plus cohérente et la plus lisible sur le terrain. Le donjon de Montlhéry, sur sa butte, se propose comme borne de géomètre, en avant poste des collines d’où nul part ailleurs on perçoit mieux visuellement cette ligne nord-sud des « côtes » du Hurepoix, dont elle est la figure de proue emblématique.

Les bassins de la Juine et de l’Essonne sont hors du Pays de l’Orge, mais pas forcément du Hurepoix : ils naissent du même phénomène de ravinement de l’épaisseur sédimentaire de la Beauce vers la Seine. Toutefois les contrastes entre plateaux et vallées y sont moins radicaux, moins identifiables. Cela peut faire hésiter à considérer cette partie du PNR du Gâtinais dans le Hurepoix.

Le Hurepoix paysager, ou Hurepoix géologique, intégrant la haute Bièvre au nord. Le secteur Juine et Essonne y est assimilable, mais relève culturellement plutôt du Gâtinais

Le Hurepoix paysager, ou Hurepoix géologique, intégrant la haute Bièvre au nord. Le secteur Juine et Essonne y est assimilable, mais relève culturellement plutôt du Gâtinais.

Notons enfin pour la beauté des paysages que les massifs forestiers, les champs et les bosquets, avec leurs jeux d’alternance et d’ouvertures, offrent une beauté propice à « l’inflorescence » de nombreux châteaux.

Limours est à la fois centre géographique et point culminant du Hurepoix.

Dourdan est considéré comme la capitale historique du Hurepoix.