L’équipement du territoire

Les promeneurs croiseront des installations qui traversent ou dominent notre plateau (au regret des amateurs de paysages vierges ?). Ces marques d'un territoire très équipé sont les très intéressants témoins de notre civilisation organisée.


Les silos :

Ces imenses volumes qui font l’horizon limourien de ces cinquante dernières années sont le lieu d’activités agricoles diverses. Au plus proche de la route de Rambouillet, deux groupes de silos s’imposaient à l’entrée du site. Le premier (à gauche), relativement stylisé et surmonté de toitures fut désaffecté pour des questions de normes de ventilation, adoptées à la suite de l’accident de Blaye, puis démoli en 2017. Le second (au milieu), sans esthétique et explicitement dénommé « le 7000 tonnes« , continue d’assurer la fonction de stockage.

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Juste derrière au sud (à droite sur la photo), il s’agissait d’une ancienne usine d’alimentation de bétail, principalement avicole. Cette immense cage de fer ne sert plus aujourd’hui que de stockage de produits agricoles divers.

Coopérative agricole de Limours

Coopérative agricole de Limours

Le dernier grand bâtiment assure le stockage des 45 000 tonnes de céréales qui y passent chaque année, générant 3 millions d’euros de chiffre d’affaire. Ses immenses dunes de grains font l’activité du groupe Axeréal, qui brasse ici les productions d’une aire qui s’étend de Corbeil-Essonne à Montfort-l’Amaury.

Le château d’eau :

Sa silhouette reconnaissable annonce Limours de loin.

château d'eau de Limours

château d’eau de Limours

Ses cinq cuves totalisent 5400 m3. Elles sont un des points d’arrivée du réseau interconnecté qui nous alimente. Il s’agit là d’une infrastrusture comprenant trois usines de production, des conduites et des stockages de l’eau potable. Il alimente notamment le nord de l’Essonne, soit une population de 1,2 millions de personnes qui consomme 78 millions de mètres cubes d’eau par an (imaginons un cube de 420m de haut). L’interconnexion avec les autres réseaux d’Ile-de-France doit garantir la continuité de l’approvisionnement en cas d’incident.

– Point de vue technique :

L’eau brute est une matière première, l’eau potable est un produit manufacturé. De haute technicité. Elle doit respecter des doses minimales admissibles (les DMA) de 50 éléments chimiques différents. On recense les pesticides et apparentés, les « indésirables » (fluor, nitrates…), les toxiques (plomb, chrome…), les composants du milieu microbiologique (bactéries, virus…) et la structure naturelle de l’eau (température et ph, manganèse et calcium…), ainsi que les qualité dites organoleptiques (odeur, saveur, couleur, turbidité…) Ces DMA sont très inférieures aux seuils de la toxicité, pour que les dépassements tiennent lieu d’alerte sans risque pour la santé.

Le contrôle de qualité « de la ressource à la distribution » est assuré par les pouvoirs publics via l’ARS (Agence Régionale de Santé), et redoublé par la société délégataire du service public de l’eau potable (Lyonnaise des Eaux). Il est fait de prélèvements fréquents et réguliers, et d’une surveillance en direct du fonctionnement de l’ensemble du réseau.

Enfin, l’eau s’écoule de ces cuves jusqu’à nos robinets par simple gravitation.

La Très Haute Tension :

L’infrastructure la plus marquante de notre ciel est sans doute la liaison THT entre la centrale génératrice de Porcheville (à côté de Mantes-la-Jolie) et le poste de répartition de Villejust.

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Les années 60 et 70 ont vu la France s’innerver de ces réseaux soutenus par d’innombrables et imposants pylônes. EDF développe dés lors des modèles qui tâchent d’être esthétiques, et qui ont tous leur « petit nom ». Les grands portiques de chez nous s’appellent « Trianon ». Ceux sur les hauteurs de Forges sont les « Triangle » bien que tout le monde y voient des sapins. Vous trouverez couramment ailleurs les « Beaubourg » et surtout les « Chat » bien identifiables. De nos jours, les « joncs », les « muguets » et d’autres, sont réellement plus esthétiques.

– Point de vue technique :

La tension peut se lire dans les isolateurs : à raison d’environ 20 000 volts par assiette, on sait qu’il s’agit de la plus haute, 400 000 volts, qui puisse être véhiculée en France (THT = 250 kV ou 400 kV).

Contre les effets de la foudre à laquelle ces installations sont particulièrement exposées, il est intéressant d’observer deux éléments.

  • Les câbles de garde : les deux câbles situé tout en haut ne sont pas des conducteurs mais de simples paratonnerre (ceci est valable sur toutes les lignes de haute tension). Ils conduisent la foudre vers les pylônes, épargnant les conducteurs d’électricité.
  • Les éclateurs : les isolateurs (ces piles d’assiettes en verre qui isolent les conducteurs des pylônes) fondraient s’ils étaient traversés par la foudre. Pour les épargner, on les équipe de ces barrettes situées à leurs extrémités qui vont guider la foudre, tout en la permettant de passer, suffisamment à l’écart du verre.

Thales :

Au sommet des bois trône la plus grande entreprise du Pays de Limours : c’est la « Division Air Système », c’est-à-dire la section radars de la société Thales Air Défense, qui compte environ 1200 employés.

Créée il y a plus de cinquante ans, elle a regroupé sur Limours les activités de Bagneux et de Conflans-Sainte-Honorine, du fait de la proximité des grandes institutions du Plateau de Saclay et de la qualité stratégique du site de Roussigny.

C’est une base de tests avec bureaux d’études. Ces tests s’appuient aussi sur la structure située sur l’autre versant de la Prédecelle, au sud de la route de Briis (à droite pour les limouriens). C’est un repère qui permet de calibrer les signaux émis et reçus.

– Point de vue technique :

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On notera notamment la conception et la réalisation en 2005 du premier radar passif, qui présentait le quadruple avantage d’être indétectable et non polluant (car seulement récepteur), omnidirectionnel, et au coût très modique. Celle du mât intégré, destiné aux navires, où dans un volume réduit peut-être intégrée jusqu’à une centaine d’antennes. Herakles, nettement reconnaissable par sa rotation rapide et désaxée, voit en 3D, et est destiné aux frégates multi-missions. Autre radar testé à Limours : le Normandie. Il restera un modèle presque unique, au service de la marine également. Dépourvu de système de balayage permettant de repérer ses cibles seul, il est en revanche conçu pour une reconnaissance avec précision très accrue des cibles qu’on lui donne.

Conférence du 20 / 11 / 2008 sur les radars, donnée par Mme Odile Adrian, ingénieur, M. Mercurin, directeur du site et M. Matisse, Développement-Réalisation, à l’occasion de la Fête de la Science à Limours.

Oléoducs et gazoduc :

Deux oléoducs et un gazoduc traversent notre territoire sur le plateau de Roussigny : le rouge est le PLIF (PipeLine d’Ile-de-France), le blanc est le LHP (Le Havre – Paris), et le jaune est le réseau GRT Gaz.

bornes PLIF, LHP et GRT Gaz

bornes PLIF, LHP et GRT Gaz

Le PLIF est un oléoduc de brut. C’est-à-dire que le pétrole brut importé par le Havre est directement envoyé en oléoduc jusqu’à la raffinerie de Grandpuits (Seine & Marne) qui le transforme en produits. Il consiste en un seul tuyau de 260 km de long. Il est l’entière propriété de Total.

Le LHP est un oléoduc de produits, dit multiproduits. C’est-à-dire que le pétrole est transformé sur place au Havre, et ce sont les produits raffinés qui sont envoyés en oléoduc à travers le territoire.

Il consiste en un réseau ramifié avec 1370 km de tuyaux qui distribuent 28 terminaux. Une loi de 1949 en est à l’origine, pour assurer l’approvisionnement de la région capitale en carburants : la société Transport par Pipe-Line (TRAPIL) en est la propriétaire et exploitante. (TRAPIL : Total 35%, Esso 17%, Pisto SAS (logistique pétrolière, exploitant des réservoirs du port autonome du Havre) 32%, Shell, BP et salariés.)
C’est depuis 1953 qu’il serpente en sous-sol jusqu’au terminal de l’aéroport d’Orly.

– Point de vue technique :

Il reste toujours plein. En effet, à partir de la station de tête (= station expéditrice), chaque produit est poussé par le suivant jusqu’à sa destination. Le long du parcours, des relais (= stations intermédiaires) assurent une vitesse d’avancée de 1 à 3 mètres par seconde (soit jusqu’à 10 km/h), tel le relais de Coignières, le dernier avant le terminal d’Orly.

A noter que deux carburants se mélangent un peu à leur zone de contact. Ces mélanges peuvent rester compatibles avec les produits dont ils sont issus (ex : SP 95 et SP 98, Gas-Oil et fuel domestique) et sont alors réintégrés au moins noble. Les mélanges inexploitables (Gas-Oil et sans plomb, tout mélange comportant du kérosène), sous le nom de contaminat, partent en retraitement.

Le réseau GRT Gaz est beaucoup plus ramifié et interconnecté à travers le territoire. Regardons seulement cette poignée de chiffres vertigineux : il est refroidi à – 160°C et ainsi réduit à 1/1600e de son volume pour être injecté dans le tuyau d’acier. La pression est alors de 40 à 85 bars. La stricte interdiction d’entreprendre des travaux à proximité sans l’aval de la société (servitude) est surveillée de visu par avion chaque semaine.

Les « Grandes Oreilles » :

Ces oreilles-là sont celles de la Direction générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) ou autre organe d’état au service de notre sécurité nationale. On les dit capables d’entendre et de lire tous types de messages sur un périmètre dépassant largement nos frontières. Elles sont sur le territoire de Boullay-les-Troux.

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