Limours, du haut Moyen Age à aujourd’hui

Un des axes routiers majeurs traverse la Gaule du sud au nord, joignant Chartres à Lutèce. Il croise la route qui relie Arpajon à Cernay en longeant la Prédecelle. Le bourg naît ici dans ce fond de vallon.


L’an 697 est la première date certaine de l’existence du village. En effet, en 703, le roi Childebert III règne. Il signe le 27 février le document le plus ancien portant la trace de l’existence de Limours, sous l’appellation « Lemausum en pays étampois ». Il s’agissait d’un couvent bénédictain pour jeunes filles dont la donation au monastère de Saint-Germain-des-Prés devait être entérinée, et dont il est précisé qu’il avait été fondé par Gammon et son épouse Adalgude en 697.

C’est en 1091 que Limours est érigé en paroisse.

Au Moyen Age : l’essor, l’instabilité, la ruine

Au Moyen Age, le paysage largement forestier laissait progressivement la place à l’agriculture, et l’essor du village allait de pair avec ces défrichements du plateau. Ce sont les abbayes possédant les terres qui ouvraient les exploitations agricoles et implantaient les fermes et les granges (le Pommeret et le Cormier par exemple).

Le village comme le petit château qui devait exister à l’époque étaient peu ou pas fortifiés, contrairement à Briis ou Dourdan, cités beaucoup plus adaptées à l’instabilité géopolitique d’une contrée frontière aux appartenances morcelées entre roi de France et roi d’Angleterre.

Limours a été lié à la couronne de France par la vassalité de son propriétaire Gautier de Limors, homme lige du roi. Le roi de France Charles V rachète le domaine en 1376, et complète ainsi l’appartenance française de la région : il donne aussitôt Limours à Jacques de Montmort, tandis que le frère de celui-ci, Morlet de Montmort, déjà propriétaire de Gometz, rachète Briis. Les deux frères forment un domaine commun avec Launay, Vaugrigneuse, Coudray et Bligny.

Puis encore, la guerre de Cent Ans sévit. Entre Bourguignons alliés aux Anglais et Armagnacs fidèles au roi de France, les pertes de territoires et les reconquêtes passent et repassent sur le pays, faisant trépasser les terres, dévastant récoltes et bourgs. Les fortifications de Briis restaient le seul refuge des Limouriens forcés d’abandonner leurs habitations.

Le désert limourien demeurera longtemps. La vie ayant quitté les rues et les murs, elle ne les reconquerra que vers 1480. Cette renaissance donne à Limours son cœur et son église actuels.

C’est en 1509 que Limours reçoit le titre de ville.

L’époque moderne : la renaissance, le retour des guerres, la stabilité

Par autorisation royale de 1515 le village devient le théâtre des foires de la Saint Marc et de la Saint Michel. Parallèlement le château est développé par les propriétaires successifs et le couvent de Picpus est fondé à la fin de ce siècle.

Mais les violences reprennent à cette époque, cette fois entre Protestants et Catholiques.

Si nous visitons Limours en décembre de l’année 1562, nous voyons notre ville, qui n’est encore que sa place centrale avec ses rues adjacentes, dont l’alentour est envahi par un immense campement de 9000 hommes avec leurs 4000 chevaux : les troupes de Condé.

Si nous revenons en 1589 pendant l’été, dans les rues du bourg nous butons sur les barricades de tonneaux de terre montées par les habitants armés pour se protéger d’autres soldats pillards : ceux des troupes d’Henri IV concentrés pour assiéger Paris. A chaque fois ces armées, avec leurs effectifs considérables, vivent du pillage des contrées où elles ont le malheur de s’installer.

Le calme et la prospérité reviennent avec le règne d’Henri IV, l’acquisition et les embellissements du château par le cardinal de Richelieu, et sa fréquentation régulière par le couple royal Louis XIII et Anne d’Autriche.

Le pèlerinage fastueux de la Saint Marc donne à cette époque heureuse le pouls d’une marée humaine inondant annuellement le village, l’église, la châsse contenant les reliques de l’évangéliste.

Au XVIIIème siècle, il y eut aussi les fêtes données par la duchesse de Villeroy dans le parc de son château du Valménil. Ces fêtes de village étaient faites de déguisements (les bergères étaient très à la mode à l’époque faste du Hameau de la Reine), de théâtre, de danses et de musique.

Le nouveau régime : de la violence de sa naissance, à l’essor permis par sa stabilité.

Survint la troisième vague de troubles, révolutionnaires cette fois.

Un jour, la colère de l’Histoire s’est ruée sur le fils de la comtesse de Brionne propriétaire du château de Limours : le prince de Lambesc, dont la charge lancée sur les manifestants de la place Louis XV (actuelle Concorde) le 12 juillet 1789 avait précipité la fureur parisienne contre l’hôtel des Invalides puis contre la prison de la Bastille, fut la cible d’un bataillon parti de Paris, guidé par le Briissois Huvelin, pour assaillir le château de Limours en vue de son arrestation. Il fut sauvé par le bailli qui les a retenu, et par les souterrains qui lui ont permis de fuir le château, puis la France. La comtesse dut émigrer à son tour le 03 avril 1792. Le démantèlement du domaine s’ensuivit, jusqu’au démantèlement du château lui-même au siècle suivant.

Et Limours fut de nouveau envahi par les campements militaires. La plainte du Maire Gaucher porte sur deux mois pendant lesquels on dut approvisionner deux régiments, puis 10 000 Prussiens, puis encore 2 000 Russes, toujours avec leurs chevaux. Le pays s’en était encore retrouvé épuisé.

Puis l’histoire contemporaine est venue semer tous les ingrédients de la modernité : chemin de fer, éclairage public, lavoirs, distribution d’eau potable, distribution d’essence, pompiers, P.T.T., électrification, goudronnage des routes, etc…

Le chemin de fer à Limours fut très abondant en moyens (deux lignes) mais pas en desserte. Elles étaient si bien fréquentées qu’elles n’auront été équipées qu’en voie unique, puis déclassées toutes les deux sans avoir vécu un siècle entier. Une formule prononcée plus tard en Conseil municipal précise la situation : « A Limours on avait deux gares. Mais pas de train. » Voir l’article sur le patrimoine ferroviaire.

L’éclairage public commence par cinq lanternes aux huiles minérales sur la place, puis sept dans les rues adjacentes en 1869. Du coucher du soleil à 23h00, entre le 15 octobre et le 15 mars (mais suspendu les jours de lune !) tels étaient les termes de l’abonnement.

Lanterne de la route de Rambouillet

Lanterne de la route de Rambouillet

En 1911, chaque hameau reçut sa lanterne. L’éclairage complet fut achevé jusqu’aux écarts (fermes et habitations isolées) en 1936.

L’équipement en réseau fit suite aux offres des compagnies proposant d’abord le gaz puis l’électricité. Mais c’est un menuisier limourien, monsieur Michaut, qui aura la première commande pour un réseau électrique, de 30 becs.

Cet équipement a accompagné systématiquement les expansions en lotissements. Nous en sommes aujourd’hui à une période de remise aux normes généralisée des installations, souvent très insatisfaisantes, profitant de l’occasion pour rechercher le « ciel noir » sur Limours et la basse tension.

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Les lavoirs apparaissent dans les hameaux à la fin du XIXème siècle, et celui qui se construit à l’emplacement de l’actuel parking des lavandières vient doubler celui rue de Pecqueuse (avenue de la Gare), répondant ainsi aux besoins d’origine démographique. De ces cinq, et des quatre abreuvoirs, il ne subsiste que le lavoir du Cormier.

Les pompiers, dont un corps est implanté à Limours au début du XIXe siècle, sont rapidement dotés d’une pompe à bras, puis de casques en cuivre. Mais au début du XXe siècle, l’équipement n’a pas vraiment progressé, l’effectif de 25 hommes compensait cela. Ce n’est qu’en 1931 qu’est acheté, par la commune, une camionnette à dévidoir de tuyau. Le réseau de bouches à incendie arrive en même temps, à l’occasion de l’implantation du réseau d’eau potable. La construction d’un centre de secours à part entière se fera en 1980.

L’eau potable est comme partout accessible par des puits, mais ils sont quasiment tous privés, réservés aux tirants (détenteurs du droit d’usage). Le seul public est celui de la place. Il est équipé de pompes à bras en 1869, dont une est toujours en place. Le village n’aura été équipé d’un deuxième point d’eau potable qu’en 1847 à Chaumusson, puis d’autres, avenue de Pecqueuse (la fontaine offerte par M. Roussin), rue de Beauchêne au Cormier, etc…

La fontaine Roussin

La fontaine Roussin

La pompe à bras

La pompe à bras

L’eau potable en réseau est acheminée par le concessionnaire Société Lyonnaise des Eaux (toujours en place aujourd’hui) et généralisé dans les années 30. Ce programme comprend la construction du petit château d’eau de 400 m3 qui trônait à l’entrée de Chaumusson.

Le château d'eau de Chaumusson

Le château d’eau de Chaumusson

L’essence se vendait comme une marchandise classique, par bidon de 5 litres. C’est M. Mondet, de l’Hôtel du Chemin de Fer, qui commença la commercialisation par dépôt, suivi par d’autres hôtels, ateliers divers voire des fermes.

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L’électrification domestique est installée à Limours en 1910.

La poste a déjà dû déménager deux fois. A l’époque où le courrier était l’unique moyen de communication, le service se réalisait 365 jours par an. L’apparition du télégraphe et du téléphone, pour lesquels des opérateurs présents dans chaque bureau assuraient techniquement les communications, avait amené les services à rester ouverts jusqu’à 21h00 y compris les dimanches et jours fériés.

L'ancienne poste

L’ancienne poste

Sources.