Renaissant de l’exsanguité où l’avait laissé la guerre de Cent Ans, et se reconstruisant à partir de sa nouvelle place centrale, le village se voit offrir sa nouvelle église par les nouveaux propriétaires du vaste domaine de Limours, monsieur Jean Poncher, conseiller du roi et trésorier des guerres, avec son épouse Catherine Hurault de Cheverny.
Le chantier prend place sur la crypte de l’église médiévale détruite, à partir de 1516, et jusqu’à environ 1532. Le clocher ne fut construit qu’en 1902. Elle a un plan en forme de croix latine sans bas côté.
Les vitraux :
Les maîtres verriers de la Renaissance avaient une nouvelle façon de mettre en image la vie des saints et de Jésus : une succession de scènes qui se lisent de haut en bas puis du nord vers le sud. La série des quatre vitraux de Limours est une représentation de la Passion.
La facture est inspirée des séries gravées sur bois d’Albrecht Dürer, comme souvent en ce début de XVIe siècle. Les blasons des donateurs apparaissent dans le bas des verrières. Le blason de Limours est ainsi imprimé dans sa plus grande œuvre d’art, en même temps que dans la pierre des voûtes de son église (voir plus bas).
Du XVIe siècle restent encore les tympans des verrières du transept. Celle du côté sud représente saint Marc, d’autant plus vraisemblablement que notre église en a abrité les reliques (voir ci-après la châsse disparue de saint Marc). L’animal représenté correspondrait alors au lion, symbole de cet évangéliste.
Le reste des vitraux des transepts est d’une belle facture du XIXe siècle. Ils représentent des saints, surmontés de modèles architecturaux symbolisant l’institution ecclésiastique.
Le portail est un jeu de croisillons de bois serrés, auxquels les planches sont fixées par de gros clous de fer. Il est aussi d’époque, et inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques avec l’ensemble de l’église.
Les clefs de voûte sont armoriées par les fondateurs de la nouvelle église. On y découvre une déclinaison du blason de la famille Hurault de Cheverny, devenu celui de notre ville. Celui à la croisée du transept représente la famille Poncher.
Le blason des Cheverny : « D’or à la croix d’azur cantonnée de quatre ombres de soleil de gueule. » (gueule = rouge)
Le blason des Poncher : « D’or au chevron de gueule chargé d’une tête de more, accompagnée de trois coquilles de sable. » (sable = noir). Il est ici surmonté d’un heaume.
Le Christ en croix et le Saint Sébastien ont été mis en valeur sur les piliers encadrant le chœur. Tous deux en bois polychrome, ce sont des œuvres du XVIe siècle.
La chair, les stalles néogothiques, l’autel flamboyant, le chemin de croix, les fonts baptismaux et le décorum peint des murs sont des éléments de rénovation du XIXe siècle, assurée par la générosité de grandes donatrices comme Madame Gripon. Ces dons se sont parfois traduits par des disparitions d’un patrimoine ancien, surement précieux et artistique (probable fresque des douze apôtres, stalles de la Renaissance…).
La châsse disparue de saint Marc :
Des reliques de saint Marc, l’évangéliste, ont été ici présentes et vénérées. Selon un rapport écrit de 1778 à la comtesse de Brionne et de Limours, c’est à la fin du XIVe siècle qu’elles y furent apportées : Jacques de Montmort, chambellan du roi mais aussi seigneur de Limours, fut d’un grand secours à la république de Venise dans son conflit contre Gênes. C’est en remerciement que la sérénissime cité de saint Marc lui en a offert.
Déposées en refuge à la ville fortifiée de Briis-sous-Forges pendant la guerre de Cent Ans, il fallu 34 ans de procès pour que les reliques soient restituées à l’église de Limours en 1513 (bien qu’elle ne fût pas encore reconstruite). Plus tard, la transplantation dans une châsse neuve fut l’occasion d’une somptueuse cérémonie, le 9 novembre 1681. Mais, en 1793, la Convention réquisitionna nombre de pièces précieuses des églises pour les besoins de financement de la guerre, dont la châsse qui fut destinée à la fonte.
Liste des protections administratives
Les Monuments Historiques classés :
Inscriptions à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (1990, sauf l’édifice et les vitraux) :