Edito de mai 2022

Le bonheur

Happés par le quotidien, il est parfois nécessaire de s’arrêter, pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. La lecture nous permet de prendre du recul tout en développant notre esprit d’analyse et notre esprit critique.

L’académicien Jean d’Ormesson écrivait, en 1995, un savoureux billet contre la tendance des Français à l’autodépréciation.

Il disait en substance ceci : « voilà un bon bout de temps déjà que nous avons renoncé à être mieux que les autres. Longtemps, nous avons été plus gais, plus charmants, plus cultivés, plus intelligents… C’était l’époque où tout Français en voyage à l’étranger était la coqueluche des beaux esprits. La gloire de Pasteur et de Victor Hugo s’étendait au bout du monde.

C’est fini. Notre satisfaction un peu benête s’est inversée en morosité. Paul Valéry et André Gide sont tombés dans une trappe, nous sommes devenus grognons. Notre belle confiance et notre bonne humeur se sont évaporées. »

« Nous avons renoncé tout simplement au bonheur d’être français ».

Puisque disparu en 2017, Jean d’Ormesson n’a pas connu les crises liées au Covid, ni celle des gilets jaunes. Qu’écrirait-il en 2022 ? Je ne sais pas, car je n’ai pas sa plume, mais il pourrait encore répondre ce qu’il écrivait dans ce même billet :

« …S’il y a un endroit où il est encore possible de vivre, non pas sans doute comme coqs en pâte ni comme anges du paradis, mais enfin sans trop de honte ni de ridicule, c’est peut-être bien en France. Nous avons fini par mettre au point quelque chose d’assez rare dans le monde d’aujourd’hui : une sorte d’art de vivre fondé sur la tolérance… ».

Mais à bien y regarder, pourrait-il encore écrire cela en 2022 ?
Je crains que non.

Nous vivons pourtant dans un magnifique pays que bien des gens nous envient, mais où donc est passée notre tolérance ?

« La tolérance est un acte d’humanité, que nous devons cultiver et pratiquer chaque jour dans notre vie pour jouir de la diversité qui nous rend forts et des valeurs qui nous unissent »
Audrey Azoulay

Et si nous prenions un moment pour méditer sur cette citation de la présidente de l’UNESCO pour retrouver enfin le bonheur d’être français…

Bien sincèrement à vous,

Votre Maire,
Chantal Thiriet